Radieso : J’ai l’Ararat qui se dilate…

Par Endemoniada

[Jingle] Une voix sibylline s’échappe du poste à Galène : Vous écoutez Radieso qui émet sur la fréquence ondulée depuis les studios du Complexe Alpha. Quel plaisir de vous retrouver chers auditeurs, vous qui nous avez inondés, que dis-je submergés de courrier, suite à notre précédente émission consacrée à ce thème diluvien que vous avez souhaité nous voir approfondir.

Nous plongerons directement au cœur du sujet dès que nous aurons pris connaissance de la question que nous envoie Mauricette, la maman de Kevin, en vacances au Cameroun : « Cher Monsieur Le Perse, j’aime beaucoup la chanson de Noah intitulée ‘les lionnes’ et je voulais savoir si dans son prochain album, il parlera des autres animaux qu’il a embarqués dans son arche ».

Je crois Mauricette, qu’il y a confusion dans la terminologie sportive, même si dans la discipline de prédilection des deux personnages, il peut être question de filet, de tennis pour l’un, de pêche pour l’autre.

Nous ne connaissons pas le prénom de Noé ou Noa’h en hébreu, mais ce dont nous sommes certains c’est que ce n’était pas Yannick. Ce dernier était tennisman et s’est illustré dans la saga Africa, alors que le Noé qui nous intéresse est un patriarche à qui nous devons l’invention de la transat en couple et dont les exploits sont relatés dans la saga biblique, nettement moins dansante.

Encore une fois, on soupçonne Esdras ou celui qui a écrit la Genèse d’avoir copié-collé des passages entiers des tablettes cunéiformes racontant l’épopée de Gilgamesh. Noé, cet armateur amateur, l’ami des animaux qui inspira à Sheila un de ses tubes, est déjà cité chez les sumériens en 2700 avant JC sous le nom de Ziusudra, alors que chez les babyloniens, son équivalent s’appelle Uta-Napishtim. Le Coran reconnaît également l’existence de notre héros et le fait figurer en 3ème position sur la liste des prophètes après Adam et Hénoch dont il est le descendant.

Un jour, YHVH, las de voir l’humanité rongée par ce fléau qu’est la corruption, se résolut à jeter son bébé avec l’eau du bain et à ouvrir les vannes célestes qui alimenteront ce fameux déluge dans lequel nous avons pataugé ensemble l’autre jour. Il charge un homme juste de bâtir une arche, variante rudimentaire du Love Boat, dans lequel il embarquera avec sa famille et un couple de chaque espèce animale. Noé, prévoyant, construit un break d’un volume d’environ 40’000 m3, soit la moitié du Titanic, pour caser ses 30 millions d’amis en compagnie desquels il naviguera 40 jours pour les uns, 150 pour les autres. Alors que la croisière ne s’amuse pas vraiment, le niveau de l’eau finit par décroître et le bateau s’immobilise sur les hauteurs du mont Ararat situé au nord-est de l’actuelle Turquie et jouxtant les frontières arméniennes et iraniennes.

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L’arche de Noé, fresque de la nef de St-Savin-sur-Gartempe (Vienne)

Depuis, tandis que juifs et musulmans ne témoignent qu’un intérêt modéré à la plus célèbre des épaves, le monde chrétien multiplie les efforts pour la retrouver.

Eusèbe de Césarée, évêque et historien du IVème siècle est le premier à s’y intéresser, puis c’est au tour de l’empereur de Byzance Héraclius de monter la première expédition au VIIème siècle dont il rentrera bredouille à l’instar des nombreux pèlerins qui se risquent à escalader les pentes de l’Ararat.

Il faut attendre le XIXème pour trouver la trace des premiers témoignages relatifs à la découverte de morceaux de l’arche, cependant, ceux-ci restent sujets à caution car même si des poutres très anciennes sont arrachées à la montagne, il est impossible de prouver qu’elles proviennent du navire. Dès le début du XXème siècle, les fouilles sont contrariées par la tension politique qui règne dans cette région, russes et turques s’y affrontent au cours de la première guerre mondiale tandis que les séparatistes kurdes s’attèlent à contrôler les hauteurs de l’Ararat.

En 1915, un régiment de cosaques témoigne avoir pénétré dans un immense édifice fait de bois, qui sera incendié pour éviter qu’il serve de fortin à l’ennemi ottoman. De source soviétique, le trésor des Romanoff contiendrait quelques vestiges découverts à cette occasion.

L’élément de réflexion le plus tangible sera amené par l’astronaute James Irwin, auteur de clichés révélant une étrange structure au sommet de la montagne et que l’on appellera l’anomalie de l’Ararat.

Lors d’un vol spatial, ce dernier photographie ce qui ressemble étrangement à l’empreinte de la coque d’un bateau et dès 1980, il obtient par mécénat les fonds nécessaires pour monter deux expéditions qui malheureusement se révèleront infructueuses. Dès 1990, des relevés satellites confirment l’existence de l’anomalie de l’Ararat, mais on ne découvre à cet endroit qu’une formation rocheuse. Même si sa forme évoque étrangement celle de l’arche, les archéologues doivent une nouvelle fois déchanter.

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Cliché réalisé par l’astronaute James Irwin, père de « l’anomalie de l’Ararat »

Image extraite du Site Space News International.

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Image Satellite de l’« anomalie de l’Ararat » prise par le satellite

QuickBird de DigitalGlobe en 2003. Site WorldNetDaily.com.

Le dernier rebondissement a lieu en 2004 ou un homme d’affaires hawaïen, David Mc Givern réunit 900’000 dollars pour se lancer dans l’aventure mais le gouvernement turc lui interdit l’accès au site devenu entre temps une base militaire. La CIA et la National Geographic Society démontrent en parallèle que les clichés utilisés par le commanditaire pour collecter les fonds sont truqués.

Aujourd’hui, le mystère plane encore sur les cimes de l’Ararat.

Nous disposons encore de quelques secondes d’antenne et je vous propose, chers auditeurs de nous quitter en chanson avec Axel Bauer :  [Musique] « 35 jours sans voir la terre, pull rayé, mal rasé, on vient de débarquer… »

Endemoniada 2007

Sources :

Article  » Arche de Noé « , sur Wikipedia.

Site Biblia.

Site Christians Answers.

La découverte de l’Arche de Noé en live par satellite ?, par Jean Etienne, sur le site Space News International.

New photo resparks ‘Noah’s Ark mania’ Digital image of ‘Ararat Anomaly’ has researchers taking closer look  » By Joe Kovaks, 10 mars 2006, WorldNetDaily.com.

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