Campant depuis peu en Belgique, j’ai découvert, outre un nombre impressionnant de façons différentes de se bourrer la gueule, une sophistication que la France ignore encore : le détecteur de CO2. Un boîtier d’allure a priori inoffensive accroché au mur, censé pousser de hauts cris si l’habitant est au bord de la mort par asphyxie.
Il y a trois nuits de cela, l’engin a émis une plainte stridente sur le coup des quatre heures du matin assez proche du hurlement d’Alien… Kriiiiiiich ! Moi : Quoi ? Qu’est-ce-que c’est ? Pourquoi ?… Le détecteur de QUOI ?… La fenêtre étant ouverte, et ni Spart ni moi-même ne nous sentant particulièrement nauséeux ou bourdonneux, nous avons cherché la raison du spasme sonore ailleurs. Elle était simple : le petit boîtier mignon voulait qu’on lui change sa pile.
On s’en occupera demain, a été illico la décision de nos cœurs à l’unisson. D’autant que le tamagoshi ne se contente pas d’une pile ordinaire, oh non, on peut pas lui refourguer une bête pile à transistors ou à télécommande, il lui faut de la pile carrée, virile, à mercure et paillettes de je ne sais plus quoi. Le genre qu’on ne risque pas de trouver à l’épicerie du coin – surtout à quatre heures du matin. On s’est donc recouché. Deux sonneries plus tard – à intervalles de 20mn environ, le temps de se rendormir , on a dû se résoudre à ôter ce qui restait de jus dans la boîte. A ce stade, et même si le boîtier est censé veiller à sa survie, l’habitant est déjà moins reconnaissant. Tandis que Spart cherchait un tournevis, je lorgnais personnellement du côté du marteau avec de sales idées en tête. Il faut dire que pour accéder à la dite pile, il faut passer l’épreuve de deux vis cruciformes, toutes petites, bien enfoncées et parvenir ensuite à démantibuler le boîtier. En l’absence de tournevis, j’ai finalement œuvré à l’économe à légumes.
Paix de l’habitant restaurée.
Momentanément.
Le lendemain, mon cinquième café matinal a failli m’atterrir sur les genoux lorsqu’un biiip suraigu a fouetté l’air. Un coup d’œil angoissé plus loin vers le boîtier éventré séparé de sa pile – un phénomène paranormal ? j’ai contacté Spart qui m’a dit que l’engin possédait peut-être une batterie de secours pour continuer à hurler « changez ma piiiiile ! » « tout de suiiiiite ! » en cas de défaillance.
L’hypothèse était presque crédible, mais en fin de soirée, après une journée entière de Sckriiiiiii ! suraigus toutes les demi-heures, on a compris que c’était en fait le détecteur de fumée qui lui aussi voulait une pile neuve.
Et c’est en entendant les « Moi aussi, je veux une piiiiiiiile ! » frénétiques du deuxième petit boîtier mignon que je me suis rappelée pourquoi je ne voulais pas d’enfant.
Tamagotchi. Melmothia, 2009
En fait c’est détecteur de CO, et non pas de CO2…