Entrevue avec Hagel

Administratrice du forum Equi-nox et bras droit d’Arnaud Thuly à la tête des éditions de l’Alliance Magique (ou bras gauche si l’on considère le parti-pris de la collection Chronos Arenam, Hagel vient de sortir en juin 2016 un ouvrage intitulé La Médiumnité, un terme à comprendre dans une acception très large, couvrant un champ allant de l’empathie au dialogue avec les défunts, en passant par la perception des énergies, etc. Autrement dit, la médiumnité serait l’ensemble de ces capacités que des penseurs de l’ésotérisme dotés d’un esprit aussi rigoureux que le mien appellent « percevoir des bidules ».

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Melmothia : Bonjour Hagel, ça fait longtemps que tu perçois des bidules ?

Hagel : Bonjour Mel’ ! De façon non consciente, depuis mon enfance, de façon consciente, depuis la fin de mon adolescence. Je distingue « consciente » et « non-consciente » dans la compréhension de la perception, sa mise en perspective et son replacement dans une interaction sociale.
Pour autant, être capable de « percevoir des bidules » n’implique pas d’y être contrainte pour ma part. Je le fais si j’ai envie de le faire.

Melmothia : Tu utilises des techniques particulières pour te mettre dans l’état de conscience nécessaire et en ressortir ?

Hagel : J’ai plus de 10 ans (environ 3 000 heures) de méditation derrière moi, en plus de la pratique intensive, donc non, plus maintenant. Je n’en ressens plus la nécessité, et auparavant, c’était un peu selon les besoins.

Melmothia : Pourquoi avoir choisi d’écrire ce livre aujourd’hui ? Est-ce que sa rédaction correspond à un moment charnière de ton cheminement personnel ?

Hagel : Honnêtement, la demande est à l’origine de ce livre. Le harcèlement continu d’étrangers et d’ami(e)s qui ont en permanence demandé « quand » je voudrais bien exposer ma pensée de façon à ne pas se taper des tas de posts décousus sur Equinox et devoir faire un puzzle pour assembler le tout, ainsi que pour approfondir certains éléments que je pouvais apporter à l’oral, mais pas à l’écrit (par manque de temps, comme par choix).

J’ai longtemps refusé, malgré les propositions de maison d’édition. Parce que je ne me sentais pas légitime à écrire (et c’est toujours le cas) ni ne considère inventer le fil à couper le beurre en présentant la médiumnité. Pour moi, ma pensée était déjà suffisamment exposée avec Equinox et je n’avais pas besoin d’aller plus loin.

C’est en commençant à travailler sur certains dossiers, des posts spécifiques de la longueur d’une thèse nécessitant une triple aspirine et deux litres de café pour être lus, qui avaient vocation à définir l’indéfinissable par consensus social dans l’ésotérisme (en gros l’énergie c’est l’énergie, l’intuition c’est l’intuition, parce que c’est comme ça et que ça n’a pas besoin de se définir), que je me suis rendu compte que je ne poussais pas suffisamment ma pensée.

J’ai vu l’occasion dans le livre d’exposer mon paradigme. Dans les faits, je ne suis pas allée au bout, si on veut continuer sur la voie de l’honnêteté, car ma santé ne me l’a pas permis. J’ai donc construit un livre qui présente un paradigme, ses bases, ses fondations, et qui laisse aux autres la possibilité de le critiquer.

D’une pièce montée, je suis passée à la base de cake.

Melmothia : Hormis sa ressemblance avec accouchement sans péridurale, écrire un livre permet toujours de découvrir des choses que l’on ignore (et que l’on pensait savoir), des choses que l’on réalise connaître (alors qu’on pensait les ignorer), fait surgir de nouvelles questions et finalement, permet d’apprendre. Durant la rédaction de La Médiumnité, à quelles difficultés t’es-tu heurtée ? Pour le dire autrement : qu’est-ce que ce livre t’a enseigné ?

Hagel : Étant mère, même avec péridurale.

Le livre m’a permis essentiellement de mettre en lumière les limites de mon paradigme, donc de ma construction des choses, et de l’aboutissement de ma pensée. Il m’a permis de voir que je suis encore loin de l’aboutissement de ce que je souhaite construire : un théorème complet.
J’ai bien conscience qu’écrire un truc pareil ne va pas inciter le lecteur à le lire, mais c’est ma perception des choses. Mon conjoint rigolera à ce passage en disant « si tu avais été contente de ton travail, je me serais inquiété ».

Le livre m’a aussi obligé à réfléchir à la place sociale du médium : être médium ne se limite pas à la perception, ou au concept d’intériorité qui est la caractéristique sociologique des nouveaux mouvements religieux centrés sur la médiumnité aujourd’hui.

Ce n’est pas qu’une quête intérieure de compréhension de soi, notre compréhension ne peut pas se fonder que sur l’être, l’étant compte tout autant.

J’ai néanmoins volontairement restreint cet aspect dans le livre, parce que ma formation estudiantine a tendance à gravement me donner envie de jacasser de concepts pas forcément accessibles à ceux qui n’ont pas eu les mêmes cours.

Ce livre a également permis une mise en lumière de l’aspect psychologique, que je mentionnais dans la quête d’intériorité. La médiumnité est pour moi plus qu’un outil, elle est devenue une philosophie, avec ses ontologies.

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Melmothia : Dans une entrevue donnée récemment, tu dis avoir travaillé comme médium professionnel pendant quelques années, ton travail consistait en quoi ?

Hagel : Il était assez diversifié, mais il pourrait se résumer en quelques mots : accompagner l’humain dans un tournant de sa vie.

Je suis, avec les modestes moyens que j’ai, spécialisée dans l’exorcisme et la pratique du désenvoûtement. Avant même d’avoir compris comment fonctionnait ma médiumnité, j’étais déjà engagée dans cette volonté de liberté du médium (donc de l’humain) : qu’il puisse vivre en dehors de toute influence volontaire d’entité ou d’énergies dites « négatives » (qui entravent, nuisent).

J’ai toujours été une farouche défenderesse de l’indépendance d’esprit, de corps et d’être. Et une compétitrice. Ce sont ces traits de ma personnalité qui s’expriment ainsi au travers de cette spécialité.

J’effectuais aussi tout un travail d’accompagnement de l’autre, au travers des vies antérieures (j’ai dû en faire des milliers en étude) et de connaissance « des dons » : mettre mes capacités au service des autres, pour les aider à cerner leurs potentialités, au travers de mon témoignage.

Melmothia : Comment réalisais-tu les exorcismes ? C’est une pratique réputée dangereuse. Comment l’abordes-tu ?

Hagel : C’est effectivement dangereux. La réalisation dépendait de la situation : l’entité (ou les entités) concernée, ses éventuels liens avec d’autres aspects (est-elle liée à un lieu, à une personne, à un cadre occulte), l’état de la victime (aussi bien énergétique que psychologique et physique) et la situation du lieu principal dans lequel se déroule la situation de hantise.

Je pense que la première connaissance que doit avoir un exorciste, c’est savoir quand il doit fuir — genre vite, bien, rapidement et efficacement. S’il ne pense pas à ce genre de scénario où il rencontre plus fort que lui (et il y a toujours plus fort que soi), il le paiera.

Exorciser demande d’être capable de gérer la transe d’une personne, ou encore la réaction violente qu’elle peut avoir, lorsque l’on commence le travail sur elle.

Après, il y a divers niveaux d’exorcismes, de l’entité chieuse de passage au méga-chieur, tout va dépendre de la situation pour déterminer l’action adéquate.

Je suis partisane de la précision face à la puissance d’action.

Melmothia : Quelle serait, selon toi, l’éthique de la médiumnité, le comportement juste à adopter avec les vivants comme avec les défunts ou les entités ? Par exemple, que penses-tu des « passeurs d’âmes » qui sont prêts à expédier le mort vers « la lumière », parfois contre sa volonté ?

Hagel : Pour ma part, mon éthique est simple : respect du libre arbitre. Humain, ou entité je ne fais pas de différence, sauf en cas d’attaque : si tu ne respectes pas l’autre, tu vas voir ailleurs si j’y suis, et tu reprends ta vie autrement. La liberté des uns s’arrête où commence celle des autres. J’ai beaucoup de difficultés avec ceux qui utilisent l’ésotérisme pour leur némésis, par exemple.

De mon point de vue, les passeurs d’âmes : ils pensent réinventer le fil à couper le beurre. Le rôle de psychopompe existe dans toutes les religions depuis la nuit des temps et chacun en est capable, avec les conditions adéquates, et les outils adaptés.

Après, le rapport aux morts est très particulier dans la médiumnité. Il va dépendre de la spiritualité de chacun. En Asie, l’ancêtre décédé reçoit des offrandes, comme dans le bouddhisme tibétain, la famille prie pour lui afin de lui apporter les énergies adéquates à son passage. En France, le désenchantement religieux a donné lieu à du grand n’importe quoi.

« Vers la lumière » n’est ainsi pas défini : état de transcendance menant à « l’amour » : ok, mais pour qui, quoi, comment, dans quel but et qui cela sert ? Le mort ou le « plan d’existence » vers lequel le mort sera balancé comme une personne dont on a dépossédé tout libre arbitre ?

Mais tous les psychopompes ne sont pas irréfléchis et j’espère que beaucoup veillent avant tout au bien-être du défunt qu’ils désirent accompagner.

Personnellement, « passer une âme » correspond la plupart du temps à lui taper la conversation : lui faire prendre conscience de son changement d’état (tu étais vivant, tu es mort), de ce que cela implique. Ensuite libre à lui d’aller où il désire, avec ou sans mon aide suivant la demande.

Il ne faut pas oublier que beaucoup de médiums sont complètement shootés à des énergies dites « bénéfiques » parce qu’ils se sentent utiles dans une société où leur place est difficile à élaborer, et qu’avoir la sensation de bouffer de la licorne pleine d’amour et de lumière, tout en ayant trouvé une possibilité d’action, c’est valorisant. Et franchement, qui dirait non spontanément ?
Donc, voilà voilà, « passeur d’âme » est un terme qui me fait plus penser à la mafia qui escroque les réfugiés des zones de guerres en leur promettant de les conduire vers l’Europe et qui les abandonne ensuite dans les eaux internationales. Je préfère psychopompe.

Melmothia : Dans l’ouvrage, tu expliques que la médiumnité peut passer par différents sens — la vue, le toucher, l’odorat, etc. — . Comment se manifestent tes propres perceptions ? Et comment ont-elles évolué au fil des années ?

Hagel : Ma médiumnité se manifeste techniquement par à peu près toutes les capacités mentionnées dans l’ouvrage. Avec plus ou moins d’intensité (genre la psychométrie, c’est une fois tous les dix ans, alors que la clairaudience, c’est facilement tous les jours, si besoin). J’ai surtout une sensibilité pour les entités, puis pour l’humain.

Au départ, elles ont été spontanées, anarchiques, invivables, chiantes, chieuses, atroces, au point de ne pas forcément les désirer. Se faire assaillir par les émotions des autres quand on est une adolescente en plein complexe du homard, et déjà en peine avec ses propres émotions, ce n’est pas la panacée personnelle. Plus encore quand on tente d’en discuter avec sa mère et que celle-ci vous explique très sérieusement qu’elle va vérifier que vous ne devenez pas sociopathe (elle ne lira jamais cette interview ^^).

Quand j’étais gamine, que j’avais 5 ans, mon frère est décédé ; d’après ma mère et sa théorie de sociopathie qui s’est éteinte au fil des années (au fil des annonces que j’ai faites, et qu’elle ne pouvait pas vraiment réfuter), j’ai manifesté quelques petites choses, en annonçant par exemple à ma petite sœur que mon frère était parti dans le ciel, ou un truc du genre, en l’absence totale d’éducation religieuse à ce moment-là.

La médiumnité a été donc un calvaire à l’adolescence, ce qui m’a obligé à me prendre en main. Et la façon dont ça s’est déroulé a été une parfaite illustration de ce qu’est ma vie depuis : répondant rarement à la logique, avec des événements surgissant de nulle part qui font mon quotidien. On ne s’ennuie pas souvent avec moi. J’avais tapé sur Google, désespérée « je cherche, mais je ne trouve pas », le résultat avait été un forum ésotérique.
À partir de là, j’ai travaillé à comprendre et maîtriser ma médiumnité, la rendant vivable, puis la transformant en atout.

 Melmothia : Depuis l’époque du spiritisme, la médiumnité se définit comme la capacité à communiquer avec les esprits. De ton côté, tu optes pour une définition plus large, précisément « plurielle », incluant la perception des énergies, l’empathie, ainsi que la télépathie et la psychométrie, pourtant tu exclues la voyance. Un distinguo que paradoxalement ne faisaient pas les spirites, puisque les médiums et les somnambules de l’époque étaient réputés lire dans le passé et dans l’avenir. Pourquoi cantonner la divination à « une lecture du temps » et sur quels critères la séparer du reste, puisqu’en fin de compte, on ignore absolument comment ces perceptions fonctionnent (ce qui explique d’ailleurs cette approche « phénoménale » couramment adoptée et que tu sembles rejeter, distinguant chaque perception selon son objet, empathie, médiumnité, lecture d’aura, etc.) ?

Hagel : Pour continuer dans le cadre d’un échange très honnête, la voyance n’a pas encore trouvé une place complète dans mon paradigme.

Si on considère que le temps est une forme d’énergie, alors la voyance serait la médiumnité de la lecture du temps. Mais le temps n’est pas une énergie à mes yeux, même si la façon dont il se structure dépend de forces physiques (je ne ferais pas un exposé sur la question, nan, nan).

Il faut ajouter que la divination n’est pas la voyance, la voyance n’est pas la divination. La divination c’est l’usage du support dont on interprète le tirage selon un cadre préétabli : l’as de cœur = l’amour de ta vie en tournant au coin de la rue. La voyance étant la lecture détachée du support, même si la divination peut mener à la voyance.

Je m’étais expliquée sur le sujet, dans cet article : Voyance Vs Divination.

J’ai donc adopté une position par défaut, issue de mon expérience de pratique, à la fois personnelle et professionnelle (ayant pratiquée la voyance pendant un temps jusqu’à volontairement cesser).

Un médium n’est pas forcément voyant, un voyant n’est pas forcément médium, par ailleurs.

Melmothia : Sauf que dans les faits, personne n’est purement un lecteur d’oracle, ni purement un voyant. À ce propos, est-ce qu’en médiumnité, tu te sers de supports particuliers ? Cartes, miroirs noirs, techniques d’isolation sensorielles, musiques, prières à un « guide », bougies, etc. ou est-ce que tu restes plutôt concentrée sur ton intériorité ? 

Hagel : Dans les faits, il y a toujours des subtilités, des niveaux d’interprétations et des différences.

Évidemment. Mais ça m’est personnellement déjà arrivé de me retrouver à ne faire que de la divination, exclusivement, parce que j’étais incapable de « lire » la personne face à moi. Pour X ou Y raisons, et donc zéro recours à la médiumnité, ou la voyance. Tout comme je me souviens des clients qui ne supportaient pas que je ne tire pas les cartes. Quand tu as tellement l’habitude de déclencher la perception en prenant ton paquet en main, que tu déclenches l’état modifié de conscience adéquat de façon « automatique » (par programmation mentale, rien d’ésotérique à cela). Ma perception était ainsi « 100 % » voyance, étant donné que je n’avais pas besoin de la valider par l’aspect divinatoire.

Sauf que la plupart des gens aiment le spectacle quand ils viennent voir leur voyant, et qu’ils avaient besoin de me voir « tirer » pour se dire « ok, elle me fait une voyance ». Déballer leur vie sans tirer les cartes provoquait essentiellement de la peur.

Melmothia : Pour rester dans le spiritisme, dans l’introduction de ton livre, tu attribues son échec aux escrocs ayant décrédibilisé le domaine. Cette façon d’envisager l’histoire, avec Rhine en cape argentée et collants moulants venant in extremis sauver le champ de recherche, est typique de la parapsychologie. Mais un autre son de cloche consisterait à penser que les « sceptiques » de l’époque ont profité de quelques arnaques notoires pour balayer large, en étiquetant « escrocs » des médiums honnêtes. Dans ce dernier cas, celui de la condamnation sans procès du spiritisme, le salut promis par la parapsychologie ne serait-il pas une arnaque intellectuelle ?

Hagel : Je ne l’attribue pas qu’aux escrocs, j’ai pris un raccourci pour m’épargner un exposé complet de l’histoire de la médiumnité.

Je ne suis pas la mieux placée pour l’approche scientifique. Ou en tout cas, en « sciences dures », étant donné que je me situe plutôt du côté de la sociologie, anthropologie, psychanalyse, et philosophie. Je ne crois pas véritablement en la parapsychologie, parce que celle-ci ne comprend pas l’aspect protéiforme et individuel de la médiumnité. Oui, je vais me faire des ami(e)s avec cette phrase.

Mais pour moi, si la médiumnité pouvait éventuellement être « prouvée » au sens méthodologiquement scientifique dans les siècles à venir, ce serait pour trouver une place qu’elle a déjà, mais que nous nommons comme nous le pouvons en attendant de trouver mieux. Comme une extension de la physiologie par exemple. Ou de la compréhension des sens de l’humain.

Le spiritisme est un mouvement historique qui est essentiel à l’histoire de l’ésotérisme, et même à l’exposition de mon paradigme. Il est clair que Kardec par exemple a infusé en partie mon travail. Ce fut d’ailleurs l’un des premiers livres que j’ai lus sur le sujet, quand j’avais 15 ans. Avec une furieuse envie de lui crier dans sa tombe qu’il faudrait arrêter le style ampoulé et la connotation religieuse ultra-présente. (Oui, pour moi, la médiumnité en tant qu’outil n’est pas forcément mystique et donc liée à une religion).

Je m’égare dans la question, mais je pense aujourd’hui que le « salut » ne viendra pas du mouvement spirite, ni de la parapsychologie, ni de notre mouvement actuel que j’appellerais « médiumnité introspective », faute de mieux (« intercesseurs coutumiers de l’irrationnel » étant un peu trop vague à mes yeux). Il y a encore du travail à faire, ne serait-ce qu’à un niveau social, culturel et cultuel pour aboutir à une éventuelle « reconnaissance » ou légitimité sociale. Trop, pour que ça se fasse en quelques années.

 Melmothia : Tu dis que la médiumnité est un « outil pour comprendre le monde » et dans le même mouvement, tu rappelles que ces perceptions sont subjectives, filtrées par les croyances et l’état d’esprit du médium, parfois carrément mensongères. Alors, on s’en sort comment pour comprendre le monde ?

Hagel : L’humain est par définition subjectif. Pourtant il fait partie intégrante du monde dans lequel il habite et tente de le comprendre au travers de sa subjectivité : en définissant une objectivité (ce qui est en soi la manifestation de la subjectivité).

Comprendre le monde peut passer par le témoignage de celui-ci. Je suis très proche du mouvement de la phénoménologie (bisous à Husserl). Le phénomène est vrai en tant que vécu, expérience. Et de celui-ci peut découler la vérité, pour celui qui sait creuser, chercher, explorer.

Melmothia : Je sais qu’Arnaud accorde une importance particulière à la théorie des égrégores. Est-ce également ton cas ? Et plus largement, quelles sont tes approches théoriques de prédilection ?

Hagel : Je devrais donc divulguer ce que je ne dis jamais ? (rire) Je suis partiellement d’accord avec Arnaud sur la théorie des égrégores. Partiellement au sens où oui, les égrégores fondent un énorme pan de notre rapport aux énergies et aux « entités ». Partiellement aussi au sens où ce n’est pas parce que l’humanité définit l’humain qu’elle rend compte de chaque individualité . C’est pareil concernant les entités, si des égrégores viennent prendre place dans l’interaction médiumnique, ça n’empêche pas, selon moi, la présence d’entités derrière. Ainsi que la distinction avec des énergies archétypales, qui sont encore autre chose que les égrégores.

Je suis assez proche de la théorie des quatre mondes de la kabbale et donc de la « hiérarchisation » (relative) des énergies et des possibilités d’accès en échelle du médium.

Par là même, je considère que le médium qui désire prendre le thé avec l’archange Michael, ne tapera pas la conversation directement avec lui, mais avec l’un de ses « servants ». Et encore, à condition de ne pas se retrouver manipulé — ce qui arrive dans 99 % des cas.

« Servant » doit être compris au sens d’entité représentant ses énergies, possédant ses caractéristiques et dans une optique de circulation des énergies.

J’ajoute que pour moi, les entités obéissent à leurs besoins et leurs intérêts. Transmettre des messages n’est ainsi pas une forme d’altruisme, c’est une concrétisation directe de leurs énergies et donc du renforcement de ce qu’ils sont.

Je suis aussi persuadée que si les religions sont la forme, les lois universelles sont le fond qui les unit toutes. Bon, de là à pouvoir les découvrir, il y a encore quelques siècles de travaux à envisager. Je pense en tout cas que l’enrobage mystique permet l’appréhension de l’univers de façon métaphorique.

Et pour illustrer cet aspect, le religieux ne pouvait pas être distingué de la politique, jusqu’au siècle précédent. Le religieux étant ainsi le fondement politique des sociétés. Il en est de même dans l’appréhension des forces de l’Univers, au sens magique. Même si l’aspect mystico-religieux relève du témoignage et demande de trier le bon grain de l’ivraie pour finir par débusquer la « loi fondamentale ». Un doux espoir utopique en tant que phénoménologiste.

Melmothia : Je pense comprendre ce que tu veux dire, mais pourrais-tu développer « je pense que l’enrobage mystique permet l’appréhension de l’univers de façon métaphorique » ?

Hagel : La mystique est le cadre d’un paradigme qui propose une charpente universelle.
Ou quelque chose comme un dessin, pour indiquer au néophyte le chemin qu’il devra ensuite expérimenter par lui-même. Le dessin est un témoignage (chacun sera sensible de façon différente aux couleurs, aux odeurs, aux détails donc), et chaque dessin a des subtilités différentes. Mais le chemin reste identique dans les faits.

Melmothia : Le livre est sorti en juin, mais est-ce que tu as déjà eu des retours de lecteur ayant travaillé avec les techniques que tu proposes ?

Hagel : Les techniques présentées ne sortent pas du néant intersidéral de ma pensée, donc oui.

Avant même l’écriture du livre en tant que tel, car les méthodologies ont été pratiquées par de nombreux médiums, débutants ou moins débutants, via Equi-nox, entre autres, ou dans le cadre de mon activité professionnelle, quand j’ai dû aider d’autres médiums en souffrance.

Cela m’a permis de peaufiner, améliorer, structurer, pour coller au plus grand nombre de profils possibles chez les médiums. Et surtout, j’ai tenté de rendre l’approche la plus areligieuse possible, afin que chacun puisse s’y retrouver, sans heurter des convictions. Même si cela reste complexe, ne serait-ce que dans la relation aux égrégores liés aux différentes mystiques (donc les forces alimentées par les croyants, renforçant les sentiers balisés desdites mystiques).

Par ailleurs, comme je le disais, ces méthodologies ne sont pas que de mon fait, au sens où Bardon, Regardie, etc. sont passés dans la construction de ma pensée, ainsi que les travaux de théorisation et gestion des énergies de l’Asie et de l’Inde. Ou encore, le travail de syncrétisme de la Golden Dawn, ou de l’Aurum Solis (ça décomplexe sévèrement quand on voit ce qu’ils ont produit en termes de mélange). Et même des philosophes chrétiens, comme Saint Augustin.

Le véritable problème de mise en place de cette méthode est lié à l’histoire de la médiumnité : elle n’a, jusqu’au 20e siècle, jamais été distinguée du fait religieux. Dans son opposition ou son intégration.

Melmothia : Donc, de ton point de vue, c’est un peu l’œuf et la poule ? Des phénomènes qui alimentent des systèmes de croyances qui engendrent ou favorisent ces phénomènes… ?

Hagel : Complètement. Sans oublier les entités (mot à prendre au sens très large du terme), qui ont des intérêts à entretenir cet aspect, pour continuer à avoir à manger gratuitement au buffet humain.

Je ne considère pas l’humain comme étant au sommet de la chaîne alimentaire du point de vue énergétique.

Melmothia : Merci Hagel – : ) Un dernier mot en guise de conclusion ?

Hagel : La pratique ésotérique, quel que soit votre chemin, ne se fera pas sans introspection.

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