Radieso : Y’a l’Adam du fond qui baigne !

Par Endemoniada

[Jingle] Chers auditeurs, vous écoutez Radieso, à ma clepsydre il est très exactement 27h89. Soyez les bienvenus pour ce second numéro, je me fais le porte-parole de notre rédaction pour vous remercier d’avoir réagi en masse au courrier que nous avait adressé Kevin en villégiature à Jérusalem. A l’approche de l’été, notre émission s’est vue octroyer une nouvelle plage horaire garantie sans hydrocarbures, alors mettons à profit cet espace-temps pour aborder immédiatement la question que nous soumet Jennifer depuis la station de Chamonix : « Mon petit frère Ryan prétend qu’il existait des luges dans l’ancien testament, moi je dis que c’est des carabistouilles, qu’en pensez-vous ? »

Très chère Jennifer, il se pourrait que Ryan ait raison. Une hypothèse scientifique viendrait en effet corroborer le mythe d’une catastrophe ayant ravagé tout ou partie de la terre et que l’on retrouve dans de nombreuses traditions. Cependant, il s’agit d’un « déluge » au sens cataclysmique du terme, ce qui n’a rien à voir avec la luge, l’équipement sportif sur lequel le prince Albert II de Monaco a ridiculisé ses couleurs en descendant les pistes olympiques vêtu d’une combinaison moule-burnes. L’hypothèse la plus en vogue pour expliquer le déluge a été baptisée « la théorie de la Mer Noire », mais avant d’examiner les arguments de ses nombreux partisans, penchons-nous un instant sur les légendes qui en sont à l’origine :

Cette catastrophe ayant décimé l’humanité et dont l’adaptation romanesque la plus connue se trouve dans l’Ancien Testament, aurait, à l’instar de la création d’Adam et Eve été inspirée par les premiers écrits de l’humanité imputables aux sumériens. Dans l’épopée de Gilgamesh, le plus ancien récit épique de l’histoire que plus tard les Grecs recompileront pour jeter les bases du périple d’Héraklès, on retrouve cet épisode où les Dieux inventent le génocide. Platon, Aristote, Pindare et Apollodore évoquent la colère de Zeus dans le mythe de Deucalion, tandis que les Romains y font référence au travers des Métamorphoses d’Ovide. D’autres sources font également allusion à cet événement, parmi elles citons le Coran, dont la version se rapproche le plus de la description hébraïque.

L’avantage indéniable des récits bibliques, c’est qu’ils nous permettent d’estimer chronologiquement les grands jalons jonchant le chemin emprunté par l’humanité dans sa quête du divin. Selon la tradition juive, le Déluge serait ainsi survenu aux alentours de l’an 2105 avant notre ère, or l’archéologie nous démontre que la théorie d’une inondation à l’échelle planétaire prend l’eau de toutes parts.

Pour ne citer qu’un exemple parmi tant d’autres, les pyramides de Gizeh en Egypte construites plusieurs siècles auparavant ne révèlent aucune trace du plus célèbre des tsunamis. Cependant, abandonner la piste et n’y voir qu’une légende pour vieux barbus vivants dans la crainte d’un Dieu colérique serait contraire à l’esprit de rigueur qui caractérise les scientifiques. Il subsiste une hypothèse tangible permettant de conclure à la véracité du mythe en le considérant comme un cataclysme plus localisé et non universel.

Cette approche se nomme « la théorie de la Mer Noire » et n’a toujours pas été réfutée, au contraire des budgets conséquents ont été attribués en 2004 à des équipes de géologues pour s’immerger dans le mystère qui entoure encore le déluge. Les précurseurs de cette doctrine se nomment William Ryan et Walter Pitman. Ce sont ces géologues qui, dès 1998, offrent à la communauté scientifique de nouveaux éléments de réflexion en publiant une étude réalisée sur des carottes prélevées autour du bassin de la Mer Noire. Ces analyses les conduisent à enquêter sur d’autres anomalies détectées dans les couches sédimentaires : Des dépôts d’eau douce et des dunes fossiles sont découverts sous le niveau actuel de la mer, ainsi que des traces de turbidité, autrement dit d’opacité de l’eau due à des particules en suspension.

Il y a 7500 ans, lors d’une courte période où la température terrestre baisse, le niveau du bassin méditerranéen décroît, ce qui a pour conséquence d’isoler la Mer Noire de la Méditerranée reliée de nos jours par les détroits du Bosphore et des Dardanelles. Suite à une nouvelle péripétie climatique, les glaces fondent sur les plaines russes et l’eau se déverse dans la Mer Noire, dont le niveau augmente, la transformant progressivement en un lac d’eau douce qui finit par déborder dans la Méditerranée. Au terme de cette fusion, le climat devient semblable à celui que nous connaissons de nos jours dans cette région et la Mer Noire, en se desséchant progressivement s’isole à nouveau de la Méditerranée, en se stabilisant près de deux cents mètres sous le niveau de cette dernière.

La catastrophe survient lorsque le niveau de la Méditerranée remonte de 150 mètres pour une raison qui nous échappe encore, la cause la plus probable étant un titanesque séisme sous-marin. Les eaux submergent alors une étendue couvrant plus de 150.000 km2 s’étirant jusque dans les plaines mésopotamiennes, ce qui pourrait expliquer le Déluge auquel ont dû faire face les peuplades locales et de ce fait corroborer les récits antiques.

Endemoniada 2007

Sources : W.B. Ryan and W.C. Pitman : The new scientific discoveries about the event that changed history, 1998.

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